Dernier jour 9h45

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TASS, Baïkonour, aujourd'hui, 09h41. Les forces de sécurité de l'astroport ont annoncé une mise en état d'alerte maximale à la suite de la découverte d'un obusier de 105mm camouflé dans un camion qui stationnait à proximité d'un point de contrôle. Le commando qui se cachait autour du camion s'est défendu avec la plus ultime violence. Les autorités y voient l'indication certaine qu'il s'agissait d'une tentative imminente d'attentat. Elles affirment que les terroristes ont tous été tués. On ignore les pertes subies par les forces de sécurité, mais les hôpitaux du secteur rapportent des dizaines de blessés.

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La pluie avait repris, elle tombait avec une violence inouïe, comme si le ciel se déversait sur le monde. Ada roulait très prudemment.

Lise lui avait donné un téléphone. Ensuite la svelte Chinoise avait ouvert un tiroir et en avait sorti une petite arme à feu très mince et très élégante dans sa noirceur, un pistolet comme dans une production hollywoodienne. Elle avait montré à Ada un petit mécanisme sur le côté :

— C'est le cran de sûreté. Il est chargé.

Ada avait secoué la tête :

— On ne peut pas passer les barrages avec une arme. Ils passent leur détecteurs dans la voiture.

Lise lui avait répondu en hochant vigoureusement la sienne :

— Avec celle-ci, on peut. Morgan a été formelle sur ce point, c'est une arme spécialement conçue à cet effet.

— Lise, je n'ai jamais...

Lise l'avait interrompue.

— Ada, si tu dois faire une véritable mauvaise rencontre dans les heures à venir, ça peut faire la différence.

Ada avait empoché maladroitement l'arme. Ensuite, sous la pluie battante, elle avait couru jusqu'à la voiture pour se précipiter à l'intérieur, où elle s'était efforcée de procéder avec calme et ordre. Le démarrage du moteur avait produit un feulement réconfortant. Les essuie-glaces s'étaient mis à battre la cadence. La climatisation avait éliminé la buée en quelques secondes dans un flot d'air glacé et sec tandis qu'Ada réglait le siège et mettait sa ceinture. Sous le porche, Esmeralda dans les bras de Lise lui avait fait au revoir de la main.

Ada ralentit en arrivant à une intersection. Avec la pluie à seaux, il fallait faire attention aux véhicules qui risquaient de ne pas avoir vu les signaux. En temps normal, Ada aurait éprouvé un profond dégoût pour ce véhicule d'un autre âge, grand pourvoyeur de gaz à effet de serre, mais il fallait bien reconnaître qu'en la circonstance, il était profondément rassurant de se trouver aux commandes d'un tel monstre, aussi puissant qu'un camion, très haut sur ses roues énormes.

Ada avait deux ou trois idées sur des endroits où Michael avait pu passer, des gens qu'il aurait pu chercher à contacter. Elle se dirigea à petite vitesse vers la première adresse, un vendeur de matériel informatique chez qui elle savait que Michael se fournissait.